Et tout devient théâtre…
Depuis 2006, la Compagnie Garde-fou autour d’Elise Vigor s’est donnée une ligne de recherche artistique : « Et tout devient théâtre… » Où comment s’emparer d’une matière au départ non théâtrale (le conte, le poème, le portrait satirique, le roman, la musique…) et la modeler, la transformer (et jusqu’où ?) pour qu’elle devienne théâtre.
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Comment s’accaparer une langue, destinée au seul écrit, afin de faire émerger son oralité ?
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Comment conquérir des espaces dans un texte qui n’a pas été pensé pour que des comédiens
« l’interprètent » ? -
Comment lier des éléments épars (des poèmes, des portraits) entre eux, pour qu’un sens dramatique apparaisse, pour qu’une histoire se raconte ?
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Comment faire advenir le corps, à partir de ces lignes qui ont été écrites sans lui ?
A chaque nouvelle création, ces questions se posent. A chaque fois, de nouvelles réponses émergent !
Ici, la création de personnages et l’improvisation viennent lier et nourrir les textes dits, qui les imprègnent
à leur tour ( Comment ? Nous avons les réponses ); là, la parole cède régulièrement la place au corps et à la danse ( Faërie ) ; ailleurs les inventions visuelles et sensorielles viennent compléter, si ce n’est tout à fait remplacer la musique ( Pitt Ocha et la tisane de couleurs ) ; ou bien, les textes sont autant d’armes successives dont les personnages s’emparent pour se mesurer l’un à l’autre ( Contes qui font un peu peur mais pas trop )…
L’annuaire et twitter n’ont qu’à bien se tenir : Un jour, peut-être, la Compagnie Garde-fou se penchera-t-elle sur eux !
Un théâtre à la fois populaire et exigeant
En 2011, Elise Vigor propose à Clément Lebateux de venir co-diriger la Compagnie à ses côtés. Amoureux de la langue tous deux, ils n’en négligent pas pour autant le corps du comédien, auquel ils accordent une grande importance, lui passé par Lecoq, elle issue de la danse. De leurs inclinaisons et parcours respectifs, ils ne cessent de se nourrir et compléter l’un l’autre. Du croisement du goût de Clément pour les modes de jeu stylisés (tel que le masque, le clown ou le jeu minimaliste) avec les grands écarts d’Elise qui passe avec plaisir du jeu naturaliste à la distanciation Brechtienne, naît une ambition, un positionnement, central dans l’ADN de la Compagnie Garde-fou : produire un théâtre à la fois populaire et exigeant, accessible au plus grand nombre, rassembleur, source de plaisir mais aussi de questionnements, sur la condition humaine et le monde qui nous entoure.
Autour de ce duo, la Compagnie réunit dans un fonctionnement très horizontal et collégial des comédiens professionnels tous unis par la même curiosité, la même passion, le même désir de partager des émotions et des visions du monde avec le plus grand nombre, où qu’ils soient, qui qu’ils soient… et quelque soit leur âge.
Tout public, jeune public : deux façons de travailler, une même ambition
La Compagnie Garde-fou travaille sur deux fronts parallèles, qui se nourrissent l’un l’autre : le jeune public, le tout public. Si les méthodes de travail divergent parfois, la ligne de recherche artistique et l’ambition restent, elles, bien les mêmes !
Exigence formelle, recherche visuelle, personnages de l’excès, précision rythmique, interactivité avec le public : tels sont les éléments qui intéressent la Compagnie dans son travail à destination du jeune public.
Exploration de ce que nous sommes, en tant qu’hommes, en tant que société humaine, sans rien esquiver quel que soit le ton employé : c’est ce qui la guide dans son travail à destination des spectateurs plus âgés.